Plus de 210 personnes ont participé le 30 janvier dernier à Sierre à la 10e édition de la Conférence TechnoArk. Les habits et outils connectés portables, les «Wearable computing», étaient au centre des discussions. Des usages commerciaux sont clairement envisageables dans différents domaines comme l’aviation ou la santé. Quoi qu’il en soit, le nombre d’objets connectés va exploser rapidement et l’enjeu sera de faire dialoguer ces outils entre eux, mais également de faire parler au mieux les données collectées.
La 10e conférence TechnoArk a été ouverte par le conseiller d’Etat Oskar Freysinger. Selon lui, outre le fait que le Valais est un havre pour l’industrie et un terreau fertile pour les start-up, le canton est train de devenir un pôle sérieux de la recherche. «Des évènements comme la Conférence TechnoArk véhiculent cette nouvelle image de notre canton». Un message corroboré par François Seppey, président de la Fondation The Ark et Laurent Sciboz, directeur des instituts du TechnoArk de Sierre.
Didier Mesnier, Executive Officer du cluster Alp ICT, a rappelé de son côté que de nombreuses entreprises romandes commercialisent des produits connectés et intelligents, à l’image de ce qui se fait aux Etats-Unis ou ailleurs en Europe.
Croissance incroyable
Les outils connectés portés sur le corps sont en train de redéfinir l’informatique, a noté pour sa part Neil Cox, directeur marketing chez Intel. «Dans notre société, tout est en train de devenir plus intelligent, de la tasse de café à la bicyclette en passant par la raquette de tennis». Selon les dernières prévisions, 50 milliards d’objets connectés seront en service en 2020, notamment des montres, des objets santé, des lunettes, des habits ou encore des appareils photo/vidéo. «La croissance sera incroyable».
Mais les objets connectés devront pouvoir échanger des données entre eux. «Ces objets ne pourront pas exister en silos et devront disposer d’un langage commun pour les consommateurs». Cette connectivité est l’un des rôles d’Intel, qui travaille à des systèmes informatiques aussi innovants, portables, connectés et efficients que possible.
L’aspect «mode» est également de plus en plus important. Les gens doivent pouvoir porter des objets connectés qui sont élégants. L’immédiateté de la disponibilité des données est aussi un gage de succès pour les objets connectés, tout comme la persistance. Les outils doivent être en effet portés le plus souvent et le plus longtemps possible.
Google Glasses dans la chimie et la pharma
Le marché des wearable computing pèsera cinq milliards de dollars en 2015, et environ 15 milliards en 2018. «Il faut donc investir aujourd’hui», selon Jean-Baptiste Clion Google Practice Technical chez Capgemini-Sogeti. Capgemini-Sogeti a ainsi lancé diverses applications, notamment pour la pharma. Grâce à des Google Glass, la solution développée permet de travailler dans des environnements stériles, en enregistrant des vidéos, en prenant des photos, en envoyant des messages ou en utilisant l’outil de recherche Google. Une autre application dans la chimie, aussi gérée depuis Google Glass, permet de guider les employés tout au long des processus de fabrication, notamment grâce à des codes-barres.
«Les entreprises jouent un rôle très important dans l’adoption de ces technologies portables, notamment en participant au financement de ces outils», conclut Jean-Baptiste Clion.
De son côté, Chris Brauer de l’Université de Londres, a donné des résultats de plusieurs projets de recherche incluant des objets connectés. Au final, les études mettent en évidence une augmentation de la productivité en entreprise pour les gens qui portent des outils connectés.
Aussi dans les avions
Ces objets connectés et portables trouvent aussi des applications concrètes dans le transport aérien. Stéphane Cheikh, Innovation Manager de Sita, a donné quelques exemples. Un projet pilote a notamment été lancé avec Virgin Atlantic, dont certains employés chargés de l’accueil des passagers VIP utilisent des Google Glass. L’application développée par Sita permet, via les lunettes, de récupérer des informations sur les passagers à accompagner. Le personnel d’accueil peut quittancer que le travail est fait ou que la tâche a été acceptée. «Le feed-back est très positif, aussi au côté des passagers».
Le système sera déployé prochainement à Londres puis ailleurs. Le même test avec des montres connectées s’est en revanche avéré plus compliqué, en raison de la perte de contact visuel avec le client au moment de consulter les informations au poignet.
Identification facilitée
Stéphane Cheikh a également évoqué une application utilisant le bracelet NYMI, qui identifie les individus au moyen de leur rythme cardiaque. Un projet pilote est en cours avec une trentaine de passagers, pour gérer leur droit d’accès au lounge d’un aéroport. «A l’avenir, grâce à ce genre d’outil, votre profil arrivera avant vous au guichet. Cela vous évitera d’avoir à montrer sans cesse votre carte d’embarquement et votre passeport».
Ces objets ont déjà un impact sur l’industrie aérienne, reconnaît Stéphane Cheikh. «Cela devient de plus en plus mature au niveau des comportements. Les gens sont d’ailleurs demandeurs pour des essais».
La nouvelle lunette Holo-Lens de Microsoft devrait quant à elle permettre prochainement de feuilleter en hologramme le catalogue Ikea. «Ce produit très intéressant sera à suivre en 2015.»
Lentille de contact intelligente
Autre exemple développé lors de la Conférence TechnoArk: la lentille de contact intelligente créée par l’entreprise lausannoise Sensimed. Ce dispositif médical permet de connaître tout au long de la journée la pression à l’intérieur de l’œil, a souligné Matteo Leonardi, CTO de Sensimed. Cette mesure en direct de la pression de l’œil est notamment très intéressante dans le cadre de la maladie du glaucome. Cette lentille est posée uniquement par l’ophtalmologue.
Ce système fait également l’objet de développements au sein de la HES-SO Valais, sous l’égide du professeur Dominique Genoud. Ce travail a permis de donner une aide au diagnostic pour les médecins, sur la base des données collectées collectivement.
Ian Thomas, Chief marketing officer chez Fujitsu, a quant à lui présenté l’outil RunMyProcess, qui permet de réagir le plus vite possible en cas d’accident. L’idée est de connecter des wearables computing avec des systèmes d’information globaux et, finalement, des gens. Une montre connectée donne une alerte juste au moment de l’accident. L’ambulance est guidée pour éviter les bouchons et la montre connectée estime le temps avant l’arrivée des secours. La montre donne également toutes les infos à l’hôpital avant l’arrivée du patient. Cela permet de gagner du temps, qui est précieux dans ce genre de situation d’urgence.
Protection des données en question
La Conférence TechnoArk s’est terminée par un échange entre Laurent Haug, l’avocat Michel Jaccard et Benoît Curdy (Niptech). La protection des données, leur sécurité, leur gestion par l’utilisateur, leur traitement et leur effacement ont été largement évoqués. Il s’agit d’un thème central pour les objets connectés.
On le voit: les débats ont été nombreux et nourris lors de cette 10e édition. Rendez-vous est déjà pris le dernier vendredi de janvier 2016, pour une 11e mouture de la Conférence TechnoArk.
Extrait de: https://blog.theark.ch/